Des indicateurs trimestriels actuels sur la consommation des ménages privés

| Dernière mise à jour: 18.08.2023

Bild – experimental statistics

Contexte

Pendant la pandémie de COVID-19, les restrictions imposées dans la vie quotidienne et dans l’économie ont laissé des traces qui ont impacté le budget des ménages. Au vu de cette situation, il était important d'utiliser toutes les sources de données à disposition afin de pouvoir estimer au mieux les effets de la pandémie sur la consommation en particulier, mais aussi sur le budget des ménages en général.

L’enquête sur le budget des ménages (EBM) est spécialement bien adaptée pour une analyse détaillée et temporelle des effets de la pandémie, puisqu’elle est réalisée de manière continue et qu’elle couvre chaque jour de l’année. Ainsi, ses données les plus récentes ont pu être analysées et utilisées très rapidement.

 

Objectifs

Ces résultats très actuels sont d’un intérêt évident pour le public et sont ainsi rendus accessibles ici. De plus, pour la première fois, ces résultats sont publiés avec une dimension temporelle inférieure à une année. La forme trimestrielle a été retenue parce qu’elle permet d'étudier l'évolution de la consommation et des autres composantes du budget des ménages avec un nombre suffisant d’observations. Les moyennes trimestrielles des années 2015 à 2017 regroupées sont utilisées comme référence de comparaison pour chaque trimestre.

Puisqu'il s'agit d'estimations du budget de tous les ménages en Suisse, qui se basent sur un échantillon relativement restreint (900 ménages par trimestre), il faut porter une attention particulière à l'incertitude liée à ces estimations. Ainsi les intervalles de confiance, comme mesure de cette incertitude, sont fournis avec les résultats pour permettre de mieux en évaluer la qualité. Ils rendent possible l'identification des changements significatifs par rapport aux indicateurs de référence.

Les résultats sont accessibles de façon complète sous forme de tableaux EXCEL pour un accès manuel et visuel ainsi qu’en format CSV pour d'éventuels usages d'analyse automatisés.

 

Résultats

Dans les tableaux (voir les liens ci-dessous), on peut trouver tous les postes détaillés du budget des ménages, qui sont impactés de façon très variés par la pandémie. Pour illustrer ces impacts, voici l'évolution de deux postes à titre d'exemple (voir aussi ci-dessous pour l’exemple de lecture des intervalles de confiance).

Les dépenses pour la fréquentation des établissements culturels ont été impactées de façon drastique, en particulier en raison de leur fermeture imposée pendant des périodes prolongées. On peut voir ces effets dans le graphique affichant les dépenses pour le cinéma.

Dans d'autres domaines, les fermetures et interdictions n’ont pas eu d'effets directs sur la consommation, mais la consommation y relative a tout de même été impactée de façon indirecte, comme le montrent par exemple les dépenses pour les carburants.


Exemple de lecture d'un graphique avec intervalles de confiance

Dans ces graphiques, l'intervalle de confiance à 95% est une fourchette qui contient la vraie valeur moyenne de la population avec une probabilité de 95%. La largeur de l’intervalle de confiance dépend de la taille de l’échantillon et de la dispersion des valeurs relevées. Plus un échantillon est grand et la dispersion des valeurs relevées petite, plus l’intervalle de confiance sera petit.

À quoi sert un intervalle de confiance?

  • À mesurer la précision d’un estimateur, donc sa qualité
  • À déterminer si deux estimateurs sont significativement différents l’un de l’autre (voir ci-dessous)
     

Au deuxième trimestre de référence, l’estimation du montant mensuel moyen dépensé par un ménage pour les repas dans les restaurants, cafés et bars est de 191 francs par ménage, avec un intervalle de confiance à 95% de ± 12 francs. Cela signifie que le vrai montant moyen dépensé par ménage se trouve entre 179 et 203 francs, avec une probabilité de 95%. Au même trimestre 2020, l’estimation s’élève à 69 francs, avec 95% de probabilité que le vrai montant se trouve entre 58 et 80 francs, l’intervalle de confiance étant de ± 11 francs. Comme les deux intervalles sont très éloignés l’un de l’autre (plus de six fois leur largeur), on peut conclure que le montant mensuel moyen dépensé par un ménage au 2e trimestre 2020 est significativement inférieur au montant dépensé au même trimestre de référence.


Où trouve-t-on ces informations dans le tableau EXCEL correspondant?

  Année 2020
2e trimestre 3e trimestre
  M Q IC95 P M Q IC95 P
5311.01: Repas dans les restaurants, cafés et bars  69 d ± 11 0.7% 167 d ± 21 1.7%
M: Montant mensuel en francs par ménage, moyenne
Q: qualité de l'estimateur
IC95: intervalle de confiance à 95%
P: répartition en % du revenu brut total


Exemple pour les valeurs du deuxième trimestre 2020:

  • Montant mensuel moyen par ménage (69 francs): Colonne M
  • Intervalle de confiance à 95% (±11 francs): Colonne IC95
  • Borne supérieure de l’intervalle de confiance à 95% (80 francs): Colonne M + Colonne IC95
  • Borne inférieure de l’intervalle de confiance à 95% (58 francs): Colonne M − Colonne IC95


Méthodologie

Échantillonnage

La population de référence de l’EBM est la population résidant de manière permanente en Suisse dans un ménage privé. L’enquête est réalisée sur la base d’échantillons aléatoires mensuels stratifiés selon les sept grandes régions de la Suisse. Afin d’obtenir suffisamment de ménages dans toutes les régions, un tirage non proportionnel, avec une surreprésentation du Tessin, est effectué. En 2020 et 2021, environ 3600 ménages par an ont participé ou sont en train de participer à l’enquête, soit 900 ménages par trimestre.

Relevé des données

L’EBM est réalisée à l’aide de questionnaires papier détaillés avec un soutien par téléphone et est complétée avec des interviews téléphoniques. Pendant le mois d’enquête, les ménages remplissent quotidiennement le carnet journalier. Les téléphones de soutien sont effectués par un conseiller ou une conseillère personnels tout au long de la période d’enquête pour soutenir les ménages dans leur tâche. À la fin du mois d’enquête, deux autres carnets (un carnet pour le relevé des dépenses régulières ainsi que des dépenses importantes des mois qui précèdent le mois d'enquête et un carnet pour le relevé des revenus) sont remplis et le tout est renvoyé par le ménage à l’institut qui procède à la plausibilisation des informations et à leur saisie. En cas de doutes ou de questions, les clarifications sont faites avec les ménages. Les données saisies sont quotidiennement transmises à l'OFS qui poursuit avec les travaux de vérification et de plausibilisation de ces données et demande de nouvelles clarifications aux ménages, si nécessaire.

Stabilité des résultats

La disponibilité des données, reçues par l’OFS quasiment en temps réel, permet une analyse et une exploitation des données d’un ménage dès qu'elles sont complètes et plausibilisées. Ceci permet de commencer à produire des résultats sur les premières données deux ou trois semaines après le mois d'enquête. Evidemment, ces résultats rapides se basent sur un nombre limité de ménages répondants immédiatement après le mois d'enquête, mais ce nombre augmente au fur et à mesure que les données sont saisies et vérifiées. Ainsi, les résultats se stabilisent et ne bougent quasiment plus environ trois mois après le mois d'enquête.

Il y a cependant une exception à cette règle pour les dépenses «importantes» des mois précédents. Ceci concerne plusieurs thématiques, en particulier les achats de véhicules et de vélos relevés rétrospectivement sur 12 mois, ainsi que les dépenses dépassant 300 francs par bien comme, par exemple, l'achat d'un billet d'avion ou d'un meuble, qui sont relevées sur 6 mois. Ce relevé sur une plus longue période permet d'obtenir six (voir douze) fois plus d'évènements et ainsi d'améliorer considérablement la qualité des estimations du domaine correspondant. Pour ces thématiques, notamment celle des transports, les résultats se stabilisent après une période plus longue que les 3 mois mentionnés ci-dessus.

Pondération

Comme pour les exploitations standards des résultats de l’EBM, on utilise une méthode de pondération optimisée, afin de réduire les risques de biais potentiels liés au taux de participation des ménages, différents selon leurs caractéristiques. La pondération est appliquée à chaque trimestre séparément. Cette démarche permet une estimation de la consommation et du budget des ménages privés en Suisse pour chaque trimestre, avec les intervalles de confiance correspondants. La pondération se fait en trois étapes:

  1. Poids initiaux
    Le tirage de l’échantillon des ménages est aléatoire et stratifié, grâce aux poids initiaux qui reflètent la probabilité de tirage d’un ménage selon le mois et la grande région de domicile, avec surreprésentation du Tessin. Pour chaque tirage mensuel, à l’intérieur d’une strate, tous les ménages reçoivent le même poids initial.

  2. Correction de la non-réponse
    Comme dans toutes les enquêtes, une partie des ménages sélectionnés pour participer à l’enquête ne répond pas. En plus, on constate que les ménages ne répondent pas avec la même fréquence selon leurs caractéristiques. On utilise ainsi un modèle basé sur certaines caractéristiques disponibles pour l’échantillon afin de refléter au mieux les ménages tirés.

    Les caractéristiques principales suivantes se sont révélées être les plus pertinentes:
    •   Composition du ménage (seule et croisée avec des caractéristiques d’âge)
    •   Revenus du ménage

    Le modèle effectivement utilisé est décrit en détail dans la documentation (voir ci-dessous). Il est évidemment plus complexe et contient plus de caractéristiques que les deux citées ci-dessus.

  3. Calage
    Une fois que les poids initiaux sont corrigés pour traiter la non-réponse, le calage sert à redresser l’échantillon des ménages (c’est-à-dire à le rendre le plus proche possible de l’ensemble de tous les ménages privés en Suisse), en ajustant le poids de chaque ménage à l’aide de caractéristiques auxiliaires, connues pour l’ensemble des ménages.

    Les caractéristiques les plus pertinentes pour le calage sont proches de celles utilisées lors de la correction du biais potentiel dû à la non-réponse (voir ci–dessus).


Le modèle de pondération des exploitations trimestrielles est similaire à celui utilisé pour les exploitations standard de l’EBM. Toutefois, la taille de l’échantillon trimestriel étant seulement d’un quart de l’échantillon annuel, ce modèle est légèrement simplifié.


Documentation